Love, Death + Robots Volume 2 - Toujours aussi fou ?

Le 14 mai, Netflix a publié le Volume 2 de Love, Death + Robots dont nous avions déjà eu le plaisir de visionner la première salve d'épisodes en mars 2019. Après une première saison globalement très appréciée du public, que valent les huit nouveaux courts-métrages de cette série des plus singulières ?

Pour ceux ne connaissant pas le principe de la série, un petit rappel : Love, Death + Robots est une série de courts-métrages, thèmes très variés, indépendants les uns des autres et arborant des styles visuels parfois diamétralement opposés. Une sorte d'anthologie du dessin animé en somme. Aucun épisode ne dépasse les vingt minutes mais chacun tente, à sa façon, de présenter une histoire unique en sachant que presque tous sont écrits et réalisés par un studio différent à chaque fois. Les thématiques sont diverses bien que l'on distingue certaines récurrences : la science-fiction revient régulièrement et on retrouve presque toujours une dose de fantastique à chaque épisode.

Service réduit

Premier constat pour cette deuxième fournée : le nombre. Alors que le volume 1 nous proposait pas moins de 18 épisodes, nous n'en avons "que" 8 ici. Cependant, l'effort est fourni du côté de la durée puisqu'un seul ne franchit pas la barre des 10 minutes. Cela n'a évidemment aucun lien avec la qualité de chaque mais il me semblait important de le notifier.

Pour ce Volume 2, Love, Death + Robots nous propose donc 8 courts-métrages inédits :

N°1 :Le Robot et la Vieille Dame (Automated Customer Service)

N°2 : Ice

N°3 : Groupe d'Intervention (Pop Squad)

N°4 : Snow et le Désert (Snow in the Desert)

N°5 : De si hautes herbes (The Tall Grass)

N°6 : La Surprise de Noël (All through the House)

N°7 : Module de Secours (Life Hutch)

N°8 : Le Géant noyé (The Drowned Giant)

Dans sa globalité, ce Volume 2 s'en sort tout aussi bien que son prédécesseur. On retrouve cette ambiance très spéciale à travers les différents courts-métrages dont la qualité est encore une fois hétérogène de l'un à l'autre. Certains sont excellents  d'autres n'ont que très peu d'intérêt. Dans cette dernière catégorie, je place immédiatement Module de Secours dont l'intrigue n'est qu'une énième péripétie spatiale comme on en a vu et revue ces dernières années (et même dans le Volume 1 avec Un coup de main !). De si hautes herbes, malgré son graphisme exceptionnel, manque également de profondeur et on comprend trop vite la direction prise le scénario. De même, Ice nous réserve des visuels splendides mais des héros sans saveur et très vite oubliables. 

De la qualité et un outsider

Ces épisodes mis à part, les autres parviennent clairement à laisser une marque dans l'esprit du téléspectateur. La surprise de Noël est le plus court mais aussi un des plus réussis avec sa vision pour le moins originale de l'origine des cadeaux des fêtes de fin d'années (sans spoiler, NE LE MONTREZ PAS AUX JEUNES ENFANTS). Snow et le Désert nous propose une vue de l'esprit intéressante de la part d'un être solitaire (malgré une romance qui sort un peu de nul part), de même dans Groupe d'Intervention qui nous montre le terrifiant dilemme d'un agent des forces de l'ordre dans un futur dystopique bien angoissant. Dans un autre registre, Le Robot et la Vieille Dame présente une vision à la fois amusante et perturbante du délicat sujet de l'IA et de ses potentiels dangers pour l'espèce humaine grâce à une protagoniste très attachante. 

Enfin, de mon point de vue, Le Géant Noyé se place à part des autres épisodes de part son intrigue à la fois simple et très dérangeante où la réaction à la découverte d'un corps humain de plusieurs dizaines de mètres de long est analysée à travers le regard d'un scientifique. Ce dernier court-métrage m'a laissé un sentiment très curieux que je n'ai pas encore su identifier. En attendant mon auto-psychanalyse, je pense que l'une des forces du Géant Noyé est justement sa capacité à nous faire passer par différentes émotions en l'espace de quelques minutes : émerveillement, attendrissement, colère, dégoût, espoir, angoisse, mépris, amertume et bien d'autres sensations se bousculent dans l'esprit du spectateur un minimum impliqué. Le vrai paradoxe de cette épisode est que ces sentiments sont parfaitement véhiculés par le narrateur qui fait pourtant preuve d'une véritable neutralité face aux actes de ses semblables vis-à-vis de ce colosse inanimé. Je ne dirais pas que Le Géant Noyé est mon préféré, cette place étant réservée à La Surprise de Noël, mais il a ce petit je-ne-sais-quoi qui a fait que j'y consacre un paragraphe entier. 

Dans l'ensemble donc, ce Volume 2 de Love, Death + Robots est tout aussi bon que le premier. On pourrait bien sûr arguer un manque global d'innovation par rapport à la saison 1 dans le sens où les thèmes abordés sont sensiblement les mêmes (robotique, monstres sauvages, surconsommation) mais le sentiment de nouveauté est présent malgré tout, en grande partie grâce à une galerie de personnages inédits toujours aussi réussis. 

La fraîcheur vient également d'un changement subtil mais présent dans l'atmosphère dégagée par les 8 intrigues : alors que le premier volume n'hésitait pas à nous retourner le cerveau (notamment dans La Faille), "perturbant" est le mot le plus adéquat pour décrire ce Volume 2 à mes yeux. On ressort un peu perdu de certains épisodes, notamment à la fin du Géant Noyé où j'ai fini par me demander si l'humanité était autre chose qu'un tas d'horreurs bipèdes.

Au passage, réduire le nombre d'épisodes ne fut pas forcément une mauvaise chose car dans mes souvenirs, un bon tiers des courts-métrages de la saison 1 était correct mais sans plus. J'ai donc tiré un grand plaisir à retrouver cette deuxième anthologie Love, Death + Robots et j'ai déjà hâte de voir les créations du Volume 3 à venir en 2022 !

Love, Death + Robots (Volumes 1 et 2) est disponible sur Netflix France dès maintenant.

Commentaires